Malgré l’intérêt des huit conférences et sept séances de travail, le nombre de participants à chaque session était extrêmement réduit.
Les exposés des conférenciers invités ont évoqué des contextes historiques et sociologiques dans le cadre « Savoirs et pouvoirs dans la péninsule ibérique au Moyen Age », thème général qui encadrait le séminaire. Ainsi,
Mme. Junko Kume du Consejo Superior de Investigaciones Científicas de Madrid a parlé du panorama artistique sous le règne de Ferdinand I et Doña Sancha ;
Mme Aires de Almeida Araujo de l’Université de Lisboa a fait un exposé sur le roi Don Pedro du Portugal ;
M. Hilario Franco de l’université de Sao Paulo a fait un fascinant exposé sur le concept du temps dans la vie de Saint Amaro ;
Deux interventions en particulier ont fait référence directe au monde jacquaire :
M. Suarez Otero, archéologue de la Société de gestion du Xacobeo, a donné une conférence sous le titre « Santiago, du Locus Sancti Iacobi à la Civitas Iacobi : étude archéologique de la formation et du développement du bourg médiéval » ; nous en avons rendu compte sur le site.
M. Villaseñor Sebastian, de l’université de Salamanque, a fait un exposé sur « L’autre pèlerinage : présence et utilisation de l’obscénité dans le Chemin de Saint-Jacques ». Ce thème avait été traité par la Fondation en janvier 2020 dans l’article qui présentait déjà plusieurs images qui ont illustré la conférence.
Les séances de travail, qui pour moi ont été particulièrement intéressantes, portaient sur la « création » du pèlerinage à Compostelle. Après présentation des textes sources de la légende de Compostelle (Concordia de Antealtares [1077], Chronicon Iriense [1080], Codex Calixtinus [1140]), des séances ont été consacrées à différents chapitres du Codex Calixtinus et en particulier à la translatio, à l’épître du pape Léon, au pseudo-Turpin et au livre V traduit par Jeanne Vielliard sous le titre Le Guide du pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle . Furent présentées les hypothèses émises par les différents chercheurs sur la naissance du Codex Calixtinus et sur l’auteur ou les auteurs présumés de l’œuvre : depuis Gaston Paris en 1865, qui attribue l’œuvre à deux clercs français, un de Compostelle et un autre proche de Guy de Vienne, jusqu’à Bernard Gicquel en 2003, qui, dans "La légende de Compostelle", décrit une multitude d’étapes aboutissant vers 1160 au Codex Calixtinus. Mme Rucquoi propose l’hypothèse qu’autant le Calixtinus que d’autres œuvres de propagande compostellane aient eu leur origine dans l’école du palais épiscopal de Compostelle. Cette école où avaient étudié les futurs rois Bermudo et Garcia ainsi que le futur archevêque Xelmirez, aurait eu plus d’importance que ne lui accordent les textes. Des maîtres étrangers y avaient enseigné et elle permettait la rencontre d’étudiants qui avaient aussi fréquenté les écoles de France ou d’Italie.
Carlos Montenegro
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