saint Jacques et Compostelle
Point de vue d’un archéologue
Quelques résultats de fouilles (lundi 3 mars 2008)

Sommaire

Dans le cadre du thème « Savoir et pouvoir dans la péninsule ibérique au Moyen Age », un séminaire consacré à la « création » du pèlerinage à Compostelle dans l’Espagne médiévale a été organisé sous la direction de Mme Adeline Rucquoi à l’EHESS à Paris. José Suárez Otero, archéologue de la Société de Xestion do Plan Xacobeo à Compostelle, a fait un exposé intitulé Santiago, del Locus Sancti Iacobi a la Civitas Iacobi. Ci-dessous des notes recueillies par C. Montenegro, participant au séminaire et membre de la Fondation.

Quelques jalons :

  • Les premières excavations ont eu lieu en Décembre 1878 d’une manière secrète puisque le chapitre de la cathédrale s’opposait aux travaux.
  • A. Lopez Ferreiro (1837-1910) peut être considéré comme le premier archéologue mais il a surtout étudié les archives de la cathédrale et développé un travail d’historien.
  • De 1946 à 1959 des fouilles ont été réalisées dans le sous-sol de la basilique. Après avoir retiré le chœur romain et creusé le sol on découvre les restes des anciennes basiliques.
  • Manuel Chamoso Lamas (1909-1985) l’archéologue « officieux » du régime franquiste entreprend des fouilles techniquement mal réalisées et qui n’ont donné lieu à aucune publication globale de résultats. A l’époque, l’archéologie n’est pas considérée en Espagne comme une science à part entière mais elle est plutôt utilisée comme un document servant à confirmer les textes écrits. M. Chamoso sera écarté des travaux de fouille dans les années 70.
  • José Guerra Campos (1920-1997) est le chanoine chargé de suivre les fouilles et il publie en 1982 Exploraciones entorno a la tumba del Apostol Santiago. Il s’oppose à Justo Perez de Urbel (1895-1979), principal créateur de l’historiographie officielle du franquisme.
  • Auteur de référence actuel, F.Lopez Alsina (n.1952) s’éloigne de la perspective archéologique pour se consacrer à l’écrit et à l’histoire.
  • Dans les années 80 les fouilles accomplies dans des lieux proches de la cathédrale (pl. de la Quintana par ex.) ont donné lieu à de simples rapports administratifs sans aucune envergure scientifique.

La ville :

Il a existé un emplacement/site romain dans la zone où se situe l’actuelle cathédrale. Une mansio viaria, sans traces indigènes, installée dans le but de romaniser la Gallaecia. Une dalle funéraire romaine de cette époque a été utilisée comme autel dans le monastère de San Paio de Antealtares. Après la disparition de l’emplacement romain, une nécropole a existé jusqu’au VII siècle et un noyau de population indigène s’y est installé par la suite. Les restes archéologiques sont principalement du Ier et II siècles ; il existe quelques restes du IV ème mais aucune trace pour la période du V au VII siècles.

La découverte du tombeau entraîna la fondation d’une cité épiscopale. Le Locus sancti Iacobi est fondamentalement constitué par le mausolée autour duquel va naître le sanctuaire formé par une église, un baptistère, un monastère dont l’église serait plus importante que celle du propre sanctuaire et un hôpital. Sous l’impulsion de Sisnando, évêque de 877 à 920, et du roi Alfonso III le Grand (866-910) le sanctuaire du martyr prendra plus d’importance que le couvent. Une muraille entoure le monastère, une autre le Locus ; les noyaux de population sont établis à l’extérieur.

Cresconio (évêque 1037-1066) va faire bâtir la muraille du bourg médiéval englobant les vicus qui deviendront les rues actuelles de Compostelle : rua Nova, rua del Villar…Dans cette muraille on a fait construire deux tours de défense qui préfigurent les tours de la cathédrale. C’est le début de la Civitas sancti Iacobi.

Xelmirez (1100-1140) ferme le mausolée, écarte les moines chargés de la garde, construit un baldaquin et se place comme le seul et unique intermédiaire avec l’Apôtre. L’aménagement en terrasse du terrain en pente où la cathédrale a été bâtie explique en partie la richesse archéologique du sous-sol de la basilique


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