saint Jacques et Compostelle
Ecrivain, poète, auteur dramatique, médecin, astrologue, prêtre, professeur à l’Université de Salamanque, Torres Villarroel réalisa un pèlerinage à Compostelle en 1737 nous laissant plusieurs témoignages

De Don Diego de Torres Villarroel (1694-1770), le docteur Marañon avait dit qu’il était un « coquin célèbre », « fourbe et menteur jusqu’au cynisme », « écrivain sans vergogne », « galopin des rues » [1]. Sa vie a été émaillée de nombreux conflits universitaires ou personnels qui l’ont amené à une fuite en France et à un exil au Portugal. Auteur de nombreuses œuvres littéraires (dont certaines, comme Vida natural y católica ont attiré l’attention de l’Inquisition), il entreprit une monumentale autobiographie sous le titre de Vida, ascendencia, nacimiento, crianza y aventuras (1743-1751). Depuis 1721 Torres Villarroel publiait annuellement, sous le nom de Gran Piscator de Salamanca, ses Almanaques y Pronósticos qui contenaient les prédictions pour l’année à venir. En 1726, il obtient par concours un poste de professeur de mathématiques à l’université de Salamanque. En 1737, il fait un pèlerinage à à Saint-Jacques de Compostelle, par pénitence ou en action de grâces. En 1745 il est ordonné prêtre et pour l’accomplissement de ses promesses, il réalise un pèlerinage au monastère de la Vierge de Guadaloupe (province de Cáceres).

En 1737 il s’adresse à la haute administration de l’université de Salamanque où il exerce, pour solliciter un congé en vue de son pèlerinage à Compostelle :

« Excellence,
Le professeur don Diego de Torres Villarroel, de l’assemblée de professeurs de votre Université, vous informe, avec tout le respect qui vous est dû, qu’à l’époque où il était victime de poursuites il a fait, entre autres vœux, celui de se rendre en visite à l’ancienne église de l’apôtre saint Jacques. Souhaitant accomplir cette promesse, il vous prie de bien vouloir lui accorder les décharges prévues par les statuts de l’Université à ceux qui décident de faire ce saint voyage »
 [2].

Suite à cette demande, un congé de deux mois lui est accordé pour faire le pèlerinage qui durera en réalité cinq mois sans qu’on connaisse les raisons exactes ni les conséquences de cette durée.

Torres Villarroel raconte son pèlerinage en trois textes différents :

- quelques pages dans son autographie connue sous le titre simplifié de Vida
- un court texte paru en 1737 sous le titre La romería a Santiago faisant partie de l’almanach de prédictions pour l’année 1738.
- un poème paru fin 1737 sous le titre Peregrinación al glorioso Apóstol Santiago de Galicia

Torres Villarroel serait parti direction ouest de Ciudad Rodrigo dans la province de Salamanque, rentré au Portugal et aurait traversé en direction sud-nord ce pays et la Galice pour arriver à Compostelle après avoir parcouru quelques 500 Km. Il était accompagné « par don Agustín de Herrera, un ami très proche » selon ce qu’il écrit dans la Vida, ou « de trois loyaux camarades », comme il le raconte dans la Peregrinación. Cette simple discordance concernant le nombre d’accompagnateurs doit nous alerter sur les précautions à prendre à la lecture des témoignages du pèlerinage écrits par Torres.

Les chapitres qui suivent sont une traduction résumée des trois textes sur le voyage indiqués plus haut.

Vida, ascendencia, nacimiento, crianza y aventuras de don Diego de Torres y Villarroel

Nullement impressionné par l’aventure de son pèlerinage, Torres Villarroel fait dans la Vida un récit totalement égocentrique de son parcours [3] :

" L’année suivante, 1736, j’ai commencé à accomplir les promesses faites pour gagner ma liberté ou retrouver ma santé au moment de mon enfermement ou de mes maladies. La plus difficile à réaliser était celle d’aller à pied visiter le sanctuaire de l’apôtre saint Jacques. Elle a été sans doute la plus indignement accomplie car des circonstances non pieuses et ridicules lui ont ôté une grande part de valeur et de mérite. Je suis parti de Salamanque, pèlerin de la tête aux pieds, avec le bourdon, la pèlerine et un habit assez coûteux. J’étais accompagné par don Agustín de Herrera, un ami très proche qui partage mes idées et mes inclinations. Il venait plein de gentillesse, fanfaron et aussi fou que moi, affectant de l’élégance dans l’habillement mais sans aucune vanité. Nous étions suivis par quatre serviteurs avec quatre chevaux et un cinquième qui portait bagages et nourriture. Nous avons traversé le Portugal pour arriver à la ville de Tuy, nous arrêtant dans les villages de bon voisinage pour nous reposer ou pour que mon ami et mes serviteurs puissent visiter ce royaume que je connaissais déjà. Nous pallions la fatigue du voyage grâce au logement chez des gentilshommes, dans des couvents de nonnes ou dans d’autres lieux juste bons pour écouter de la musique, danser, jouer ou s’amuser avec d’autres réjouissances. Des hommes, des femmes et des enfants se rassemblaient dans ces lieux pour voir le Piscator et, pleins de foi et d’ignorance, sollicitaient, comme on fait pour un oracle, des réponses à leurs doutes et leurs souhaits. Les femmes stériles me questionnaient sur leur descendance ; les célibataires sur leurs noces ; les oubliées de leurs conjoints sur les remèdes pour les retrouver ; et d’autres requêtes et d’autres questions bizarres, sottes et incroyables. Les hommes me consultaient sur leurs maux, leurs doutes, leurs pertes et leurs gains. Certains me demandaient si leurs dames les aimaient ; d’autres voulaient connaître l’avenir de leurs emplois et de leurs ambitions et, finalement, ils venaient tous voir comment étaient faites les personnes qui font les prévisions, parce que, dans leur ignorance, ils pensaient qu’on était autrement constitué, d’une autre matière et d’une autre substance et je crois qu’ils m’imaginaient comme un avorton moitié diable moitié sorcier."

" Ce voyage je l’ai raconté dans une romance qui figurera dans le deuxième volume de mes poèmes et dans l’Extrait de Pronostics de l’année 1738 où se trouvent décrites en détail mes journées de voyage. Ici je dévoile comment je serais sans doute revenu en Castille riche si j’avais laissé pénétrer un peu de cupidité dans mon désintérêt ou si, avec discrétion, mes mains avaient encaissé en certaines occasions. Pour avoir été convié à sa table, l’illustrissime archevêque de Compostelle, le Señor Yermo, don Tomas de Velasco, médecin du chapitre, personne très cultivée, très aimable et très honnête, parlait de moi à chaque occasion avec estime afin d’honorer ma personne et mes diplômes. A son avis et à sa courtoisie se sont joints les autres médecins et il n’y a pas eu de malade, ni de souffrant, ni de déprimé qui ne demande à me voir. Attentif, charitable et effrayé par la simplicité et la crédulité des gens, j’allais avec mon drôle et savant docteur visiter, consoler et soigner ses malades qui voulaient m’offrir tout ce qu’ils possédaient dans leurs maisons. Moi je les remerciais de leurs offres et leur laissais leurs présents et leurs bijoux me contentant de leur confiance et de leur accueil. Il y avait beaucoup de vanité et d’extravagance digne de don Quichote dans ma conduite mais il aurait été infamant de faire commerce de mes tromperies et de leur simplicité sans en avoir besoin. "

" Laissant les médecins contents et détrompés de l’erreur très répandue qui me qualifie de grossier ennemi des importantes expériences exécutées dans leur faculté, les malades consolés de leurs appréhensions et maladies grâce à des remèdes suaves et persuadant d’autres que la cherté des médicaments était le meilleur secours contre leurs maux, je suis arrivé à La Corogne où j’ai reçu les mêmes applaudissements et les mêmes honneurs qu’à Compostelle. Depuis cette ville portuaire belle et gaie j’entrepris mon retour en Castille traversant d’autres lieux où j’ai été l’hôte de personnes distinguées qui m’ont reçu affectueusement dans leurs maisons m’honorant avec des cadeaux et des divertissements. "

La romería de Santiago

La romería a Santiago apparaît en 1737 et fait partie des Pronóstico diario de quartos de luna y juicio de los acontecimientos naturales y políticos de toda la Europa, para este año de 1738. On y raconte une nuit que Torres Villarroel aurait passée au Cebreiro en Galice pendant son pèlerinage à Compostelle. Il paraît assez invraisemblable que le pèlerin, étant entré en Galice par Tuy en provenance du Portugal, ait fait un détour de plus de 200 Km pour passer par O Cebreiro au lieu de continuer son chemin en direction sud-nord vers Compostelle depuis la frontière portugaise. Il est possible qu’il se soit arrêté à O Cebreiro au retour de Compostelle quand il revient en Castille « por otro camino », comme il le raconte dans la Peregrinación. La romería a Santiago est un récit truculent où Torres Villarroel trouve prétexte pour faire publier une des prédictions qui lui tiennent à cœur et qui se trouve imbriquée dans le texte avec les descriptions du voyage.

Le récit commence quand le pèlerin arrive par une nuit pluvieuse, fatigué et trempé à une misérable bâtisse plantée dans la boue et habitée par un paysan galicien [4] :

« … j’ai commencé à pleurer m’imaginant la nuit qui m’attendait où je devrais veiller pour survivre dans cette galère de détritus et mes pleurs redoublèrent quand je me suis vu entouré de bœufs, de chèvres, de cochons et de deux paysannes galiciennes et que tout ce monde se valait question de civilité et de propreté… »

Plus tard on entend :

«  …les cris d’une troupe de pèlerins qui, à force de bourrades, de poussées et de jurons essayaient de se débarrasser de cette mélasse boueuse où j’avais été enfoui à mon arrivée. Parvenus à l’intérieur ils ont embrassé le sol crasseux avec autant d’ardeur que des naufragés auraient embrassé leurs mères retrouvées après l’angoisse d’une tempête. J’étais encore en train de me faire sécher après ce déluge quand l’un d’entre eux, un garnement rougeâtre et bossu, s’est aperçu de ma présence et il m’apostropha : « Alors Monsieur l’astrologue ! Vous n’aviez pas prévu la nuit qui vous attendait ? » « Ce n’est pas le moment de plaisanter - ajouta un autre – mais plutôt de se sortir de ce bourbier et de se débarrasser de toute cette vase ». Le niais patron galicien se leva et avec une pelle d’un four et les pèlerins aidés de leurs bourdons ils se sont attaqués furieusement à la boue en la poussant jusqu’à la porte du misérable hangar. Les deux mégères sont arrivées plus tard et avec des fagots de paille elles sont arrivées à bout de toute cette peste. Une couche de feuilles et d’épis de maïs et d’autres restes fut étalée sur le sol et, après avoir suspendu aux crochets des bourdons les pèlerines et les bourses, les pèlerins se sont vautrés sur la minable paillasse avec les galiciennes et le niais, s’entassant tous comme une troupe de cochons. Moi, je me suis installé dans la litière et après avoir juste laissé les arêtes dans les daurades et pas une goutte à boire dans les calebasses ils ont dit qu’après le repas je devais faire un pronostic… »

Villarroel inclut à cet endroit une énigmatique prédiction en vers qui va s’étaler tout au long du récit du voyage.

« Il n’était pas de bonne heure quand on s’est réveillé dans ce taudis. Nous avons pris les bourdons et les pèlerines et nous sommes partis par le sentier du saint Apôtre sans dire au revoir ni au mercenaire galicien ni aux femmes, qui étaient encore blotties, paresseuses, poussant des bâillements dans l’air corrompu par le pourrissement des navets et des châtaignes. Durant le chemin j’ai continué à former mon pronostic. »

Suivent quatre strophes du pronostic.

« Oubliant la fatigue de la marche grâce à la conversation nous sommes arrivés à une autre porcherie où nous nous sommes pitoyablement installés. Après avoir fait notre midi avec une ratatouille de légumes et quelques croûtons, nous avons poursuivi notre voyage et mon pronostic… »

Suivent encore quatre strophes de la prédiction.

« En cours de commentaires nous sommes arrivés à une paroisse, terminant mon pronostic dans la propre maison de l’abbé »

Derniers vers et fin de la chanson de la prédiction.

« Quand le pronostic fut terminé nous nous sommes allongés sur la paille et, après avoir dormi aussi bien que les mauvaises conditions présentes nous le permettaient, nous avons repris le chemin de Saint-Jacques à travers la belle et fleurie province de Tuy. Tous les autres détails du pèlerinage je les raconterai dans une Romance. Maintenant j’ajoute que je dois beaucoup d’honneurs, de faveurs, de soins et d’acclamations aux sages, dévots et illustrissimes prélats ainsi qu’aux très nobles chevaliers, aux communautés religieuses et à tous les autres habitants du royaume. Ils ont chanté des couplets en mon honneur, ils ont imprimé des vers de louanges et ils ont fait mille démonstrations qui m’ont rendu confus et redevable. Dans cet écrit j’ai mis quelques descriptions ridicules seulement avec l’intention de faire rire mais je dois reconnaître le très beau comportement, l’ingéniosité, l’éducation, le dévouement et la piété de tous les habitants. Je prie Dieu qu’Il récompense comme il se doit l’estime qu’ils ont montré à mon indigne personne, à mon humour et à ma ridicule ingéniosité, et que Sa Majesté les garde et Dieu prenne soin de tous. »

Comme dans la Vida, Torres Villarroel annonce que le récit détaillé du pèlerinage se trouvera dans une Romance où, finalement, les détails annoncés concernent plus les conditions de logement que le parcours du pèlerinage. L’auteur fait opportunément remarquer dans le dernier paragraphe le caractère moqueur et humoristique du récit mais ceci se fait au détriment de la clarté et de la valeur du témoignage.

Peregrinación al glorioso Apóstol Santiago de Galicia

La Peregrinación al glorioso Apóstol Santiago de Galicia apparaît à la fin de l’année 1737. Il s’agit d’un poème intitulé Viaje de Torres à Santiago, composé de 276 quatrains comiques et pleins de jeux de mots retraçant le pèlerinage de Torres Villarroel vers Compostelle à travers le Portugal et la Galice. En réalité, plus que raconter son voyage, l’auteur se moque des coutumes des portugais et des galiciens.

Il part [5] :

« Avec mon bourdon à la main / la calebasse à la ceinture / et la Casa de las Conchas [6] / sur les épaules, sur le dos et sur la poitrine » _ ... ...
«  Dieu a voulu que je sois accompagné / de trois loyaux camarades / de ceux avec qui on se repose / malgré la fatigue. »

La première ville citée par Torres dans son voyage est Ciudad Rodrigo (province de Salamanque) « ville ancienne et noble ». Il indiquera ensuite six villes portugaises : Almeida « ville frontalière bien fortifiée / avec une abondante artillerie », Pinhel, Trancoso, Ponte do Abade, Braga et Valença (frontière avec la Galice).

La traversée du Portugal est pour le pèlerin une véritable épreuve à cause d’une nourriture rare et détestable : « la vache et le mouton sont rara avis », « le poisson si maigre passe à travers les filets », « le lard est un péché », « le chou et la laitue sont des nourritures extraordinaires », « des œufs ? il n’y a pas d’animal pour les pondre ». La quantité n’est pas non plus au rendez-vous : « Les desserts sont le début, le milieu et la fin du repas / On commence par la fin / et on finit par le début ».

Les conditions de logement sont détestables : « J’ai demandé à l’aubergiste de la lumière / mais il n’y a pas de bougies », « Et que dire des poux ? / Ils me sortent par une oreille / ceux qui rentrent par l’autre ».

Il se présente aux habitants comme l’éternel voyageur : «  Je suis originaire de Tartarie / pèlerin de la Zecque à la Mecque [7]/ Je viens de la grotte de saint Patrick en Irlande [8] / et en passant par celle de Montesinos [9]/ je m’en vais vers Salamanque. » Pour lui les gens ne méritent pas plus de compliments que les conditions du voyage. Les femmes « habillées en noir, / autant les mariées que les célibataires, / qu’on dirait des fantômes ou des épouvantails » ; elles sont « condamnées au silence / parce que des mésaventures de jalousie / leur ont coupé la langue ».

Pour finir : « Une fois et pas plus, je me suis dit. / Je le jure, / je ne reviendrai plus ici / oh, terre du Portugal ! ». Torres connaissait le Portugal où il avait été exilé de 1732 à 1734, les exagérations du récit du voyage sont la preuve du caractère truculent et fantaisiste de l’auteur.

L’entrée en Espagne se fait par la ville frontalière de Tuy qui mérite tous les compliments de Torres Villarroel : « Je suis arrivé à la ville de Tui / et c’était pour moi / comme si j’arrivais au Paradis ». Là, il est reçu par l’évêque de la ville «  c’est don Fernando Arango, / berger fidèle de nombreuses brebis / qu’il nourrit pendant que lui il jeûne / et qu’il garde pour ne pas les perdre ». L’accueil n’a pas pu être meilleur : « J’ai mangé comme pour trois jours / et je suis parti de la demeure. / J’étais rentré don Quichote / mais je suis sorti Sancho Pança ».

Dans les premiers quatrains, les galiciens ne méritent que des compliments : « J’ai trouvé en Galice des honnêtes gens », « Ils sont courageux / et parcourent toute l’Espagne / travaillant nuit et jour / et même les jours de fête », « Ils sont hardis en terre ferme / et invincibles sur la mer. / Les galiciens ont triomphé / en de nombreuses batailles navales » .

Mais bientôt le cortège de louanges est remplacé par une terrible description des conditions de vie et de promiscuité entre humains et animaux : « L’homme-bouc et la femme-chèvre / couchent dans le même lit. / La femme à côté du mâle, / à côté de la femelle, l’homme. / La poule, le chapon, le veau / rentrent tous dans la même cage / et on mélange pain et bouse / détritus et volailles. / De ces accouplements / ne naissent pas des créatures humaines / sinon des sortes de mi-sangliers, / des mi-caprins ou des centaures. / Six fois par an / accouchent les femmes / et celle qui n’accouche que cinq fois / est répudiée pour cause de stérilité. / Trois ou quatre fils au moins /arrivent dans chaque parturition. »

La mauvaise nourriture lui fait regretter d’autres tables : « Ah, si on pouvait avoir / la soupe des dominicains, / les tripes des franciscains / la potée des frères de l’ordre de saint Jérôme, / les restes des jésuites, / le surplus des augustins, / les croûtons des mercenaires [10], / les miettes des carmélites ! »

Finalement, le pèlerin arrive à Compostelle : « Champ d’étoiles / qui pour ma profession d’astrologue / va me rapporter des faveurs / et bénéficier à mes almanachs ». Les pèlerins sont nombreux : « La tour de Babylone / n’a pas eu de langues aussi variées / que celles qu’on entend ici, / pèlerines et étranges ». On lui annonce même « L’arrivée du Grand Turc / depuis le royaume ottoman, / habillé en pénitent / pour la Semaine Sainte. ». Torres visite la tombe de l’apôtre : « J’ai vénéré les saintes pierres / et j’ai adoré à genoux / ce corps, qui même sans vie / respire grâce à autant d’âmes ». Le Matamoros lui donne l’occasion de montrer, une fois de plus, son humour noir : « Son étincelante épée / a envoyé plus de maures en enfer / que nos médecins envoient / de chrétiens dans l’autre monde. » Il est reçu par don José del Yermo, archevêque de la ville : « Quand j’ai contemplé sa personne / et la célèbre abondance / de sa table archiépiscopale / je me suis dit : Habemus Papam. »

Pour finir, Torres raconte que son retour se fera « par un autre chemin » : « J’ai enfourché ma monture / car si l’aller était de fantassin / le retour / fut de cavalier. »

[1] Rapporté dans l’édition de Dámaso Chicharro de « Vida, ascendencia, nacimiento, crianza y aventuras », Madrid 1998, p14.

[2] Edition de J.Sanz Hermida de la Peregrinación al Gloriosos Apóstol Santiago de Galicia, Salamanca, 2003, p.120

[3] Vida, Diego de Torres Villarroel, Ed. Cátedra, Madrid 1998, p.214-217

[4] Edition de Jacobo Sanz Hermida de Peregrinación al Glorioso Apóstol Santiago de Galicia, Salamanca, 2003, p.109-118

[5] Texte en espagnol rapporté par Jacobo Sanz Hermida en Peregrinación al Glorioso Apóstol Santiago de Galicia, D. deTorres Villarroel, Salamanca, 2003, p.69-102

[6] La Casa de la Conchas est une construction emblématique de la ville de Salamanque du XVI siècle dont les façades sont recouvertes de coquilles Saint-Jacques

[7] Ir de la Zeca a la Meca (noms francisés dans la traduction) veut dire « Aller par monts et par vaux ». En utilisant l’expression, Torres joue avec une autre destination de pèlerinage : la Meca.

[8] Grotte, miraculeusement ouverte par saint Patrick sur l’ordre de Dieu, qui conduisait à une sorte de purgatoire avant la mort

[9] Dans la Cueva de Montesinos se déroule un des épisodes du Don Quichote de Cervantes

[10] Dans le texte en espagnol est bien écrit mercenarios (mercenaires) mais on peut penser à une erreur du copiste et que le mot exact serait mercedarios (religieux de l’ordre de la SainteVierge de La Merci)


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