saint Jacques et Compostelle

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Votre question : A tout hasard je vous livre les références d’un ouvrage cité par Emile BAUMANN : Histoire de la vie , prédication ,martyre, translation et miracles de Saint Jacques le Majeur , par J. GOUYN, imprimé à SENS en 1595 pour Robert COLLOT, libraire d’Orléans . Ainsi donc trente sept ans après le début des guerres de religion en France (1562) saint Jacques intéressait encore suffisamment de monde pour mériter la dépense d’une impression. Voila qui semble aller dans le sens de l’hypothèse selon laquelle les pèlerins auraient été nombreux après les temps médiévaux malgré guerres de religion et réticences royales . Qu’en est-il ?

Notre réponse : L’ouvrage Histoire de la vie, prédication, martyre, translation et miracles de saint Jacques le Majeur, par J. GOUYN a été présenté à la bibliothèque d’Orléans lors de nos journées recherche en juin 2000. Il est fort intéressant. D’autres à peu près semblables ont été édités à la même époque à Rouen et à Senlis. Effectivement, ils sont un argument pour parler de pèlerins plus nombreux à partir du XVIe siècle. Vous trouverez ci-dessous quelques précisions sur les pèlerins de cette époque.

De l’histoire à la propagande.

Devant les menaces, Compostelle et les membres de l’Ordre de Santiago entreprennent des recherches visant à prouver la valeur historique du sanctuaire qu’ils voulaient à tout prix protéger. Tous les moyensleur sont bons y compris, en 1611, la rédaction de fausses chroniques. Chacune de ces études fut publiée et largement diffusée. En outre, l’imprimerie a permis de répandre à profusion des images pieuses présentant saint Jacques comme Patron de l’Espagne et défenseur de la Foi Catholique. Le Matamore remporte toutes les faveurs car il réussira à vaincre les Protestants comme il écrasé les Sarrasins.

Toute cette production est largement diffusée en France, ainsi que des Vies de saint Jacques et des Chansons de pèlerins de Compostelle éditées en particulier dans les livrets de Troyes. Des statuts de confréries sont réécrits dans ce nouveau contexte et prônent la nécessité du pèlerinage à Compostelle, dans cette Espagne qui, seule, n’a pas été touchée par le protestantisme. Des Mystères de saint Jacques sont réécrits, ces pièces de théâtre jouées lors des grandes fêtes religieuses. On conserve ainsi un modèle du genre, une " tragédie " intitulée Saint Jacques qui fut " représentée à Limoges par les confrères pèlerins dudit saint en l’année 1596, le jour et fête saint Jacques le 25 juillet ". L’auteur, Bardon de Brun, y développe les thèmes de la nouvelle piété faite dorénavant de dévotion pure et sans faille. Des guides-itinéraires se multiplient pendant les XVIIe et XVIIIe siècles : Rouen 1603, Senlis 1690, Troyes 1748…

Un nombre croissant de pèlerins.

Et de fait, les contemporains témoignent que des pèlerins vont en foule à Compostelle. Parmi ces témoignages, celui d’un habitant de Provins qui, en 1577 et 1578, voit passer chaque semaine des troupes se dirigeant vers Compostelle "…Au voyage de monseigneur saint Jacques grande multitude de gens, hommes et femmes, non seulement du royaume de France, mais des autres royaumes et pays étrangers, allèrent en cette année et la précédente, et ne se passa semaine qu’on ne vit passer pour aller et venir au dit pèlerinage ".

A Limoges en 1595, les impressions sont semblables : Bardon de Brun, qui est allé à Compostelle, constate que ses compagnons et lui ont fait partie de " mille et mille bandes ". Et Erasme dans ses Colloques se moque de ces pèlerins, l’un ayant pris sa décision après boire et parti alors qu’il "avait à la maison une femme encore jeune, des enfants et des serviteurs qui dépendaient de lui ", l’autre s’est absenté six mois sans donner de nouvelles et rentré " couvert de coquilles creuses, chargé d’images d’étain et de plomb, orné de colliers de paille et tu portes au bras des œufs de serpent ".

Les nombres importants sont attestés également par les déclarations royales disant en 1671 et le répétant en 1686 et 1738 que " des mineurs, femmes mariées, artisans et autres personnes " vont en pèlerinage " hors du royaume à Saint-Jacques en Galice, Notre-Dame de Lorette et autres lieux ". Ils sont en si grand nombre que des dispositions sont prises — non pour interdire ces déplacements — mais pour les soumettre à " permission du roi et des évêques ". Et ces permissions sont elles-mêmes soumises à l’accord des " pères, tuteurs, curateurs, maris et maîtres de métiers ". Enfin, qui peut douter de l’afflux des pèlerins en voyant la somptueuse façade baroque dont s’est dotée la cathédrale de Compostelle, signe indubitable d’une richesse due, à n’en pas douter, aux oblations des foules pèlerines ?


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