saint Jacques et Compostelle

Les pèlerinages interdits ?

Savoir lire les soi-disant interdictions de pèlerinages des XVIIe et XVIIIe siècles.

Il est banal de constater combien il est difficile de lire attentivement un texte, quel qu’il soit, et d’être bien sûr de son contenu avant de commencer à le comprendre et à l’interpréter. La lecture des ordonnances royales de Louis XIV et Louis XV, présentées comme des interdictions de pèlerinages en est un remarquable exemple, qui prouve aussi que cette difficulté ne date pas d’aujourd’hui...

On lit très souvent que les pèlerinages ont été interdits aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le premier texte officiel, daté de 1665, oblige les pèlerins à être porteurs de papiers les autorisant à sortir du territoire, faute de quoi ils seront sévèrement punis. Il n’interdit pas les pèlerinages. Les réglementations ultérieures le recopient presque intégralement, en 1671, 1686, 1717, 1738. Dès l’origine, ces longs textes n’ont pas été lus entièrement et furent compris comme des interdictions et non comme des réglementations.

En voici deux exemples fournis par deux chercheurs :

1 - En 1717, le curé de Combres (Eure-et-Loir, ar. Nogent-le-Rotrou, cant.Thiron) note dans son registre paroissial : "Le 15 novembre 1717, Ordonnance du Roy portant défense à tous les sujets d’aller en pèlerinage en pays étranger" Combien de paroissiens a-t-il dissuadés de partir ?

2 - En 1777, cinq pèlerins de Montblanc (Hérault, ar. Béziers, c. Servian) sont arrêtés par la police à Saint-Palais et emprisonnés au dépôt de mendicité de Pau. Ils sont dépouillés de tous leurs effets. L’officier de police convient que « si on appelle effets des papiers, des bourdons et des chaperons de cuir, je me suis fait une loi d’ôter à tous ces gens-là autant que j’en trouverai et que je ne leur rendrai jamais, les déchirant de suite et les faisant brûler pour leur faire voir par là qu’ils sont traités encore très doucement, puisque les ordonnances du roi concernant les pèlerinages, condamnent les pèlerins aux galères perpétuelles ».

Ce fonctionnaire zélé, lui non plus, n’a pas bien lu le texte. Il a néanmoins libéré les malheureux, en oubliant de leur rendre l’argent que leurs familles leur avaient envoyé ! Il faut l’énergique intervention des autorités de Béziers et d’Auch, qui feignent d’ailleurs de croire que les « misérables marchaient sans passeports », pour que l’argent leur soit rendu. On colporte en effet partout que certains pèlerins, même munis de passeports « n’en sont pas moins de vrais brigands ». La peur du pauvre et de l’étranger grandit avec la dureté des temps.

exemple 1 : Jean Jourdain, exemple 2 : Jacques Voisin, arch. dép. Gers, C 342.

Pour plus d’informations, lire l’article : Les réglementations des pèlerinages sous Louis XIV et Louis XV


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