saint Jacques et Compostelle
Le Puy a pris une place capitale sur les chemins de Compostelle
Eclairages sur l’histoire des relations du Puy et de Compostelle (samedi 20 octobre 2007)
Aujourd’hui, la ville du Puy occupe une place unique dans la pratique du pèlerinage à pied. Elle passe pour être le point de départ obligatoire pour Compostelle. Il n’est qu’à entendre certaines réflexions et questions, par exemple celles-ci : « Je pars du Puy, on ne peut pas partir d’ailleurs » ou « je voudrais partir de chez moi, est-ce possible ? » ou « Je ne veux pas partir du Puy, ne me demandez pas pourquoi ». Cet état de fait est né d’une coopération entre Compostelle et le Puy basée sur l’Histoire, mise en place dès 1951, pour des raisons qui, actuellement, sont encore hypothétiques. Ensuite mai 1968 a sans doute joué un rôle accélérateur dans l’engouement pour la randonnée pédestre. La majesté des paysages de l’Aubrac, la faible densité de population ont contribué au succès d’un chemin réinventé à partir du début des années 1970 sur des bases historiques bien fragiles

Au XIXe siècle, le Puy retrouve plusieurs souvenirs historiques liés au pèlerinage à Compostelle.

Depuis le Haut Moyen Age, le Puy était une célèbre ville sanctuaire de la Vierge Noire où se pressaient les foules. En témoigne encore la "rue des pèlerins, allant de l’hôtel des pèlerins à Notre-Dame" (Jean Chervalier, Dictionnaire historique des rues du Puy).

Comme partout, le XIXe siècle fut au Puy un siècle d’intense activité en matière d’histoire, due à la création de l’Ecole des Chartes fondée pour former des archivistes-paléographes. Dans les Archives Départementales nouvellement ouvertes, ceux-ci devaient lire et classer les innombrables documents confisqués à la Révolution. De ces documents surgit pour la ville un passé jacquaire dont personne ne parlait plus. C’est dans cette mémoire écrite que puisèrent les promoteurs de ce qui allait devenir « le Saint-Jacques », ce dont on se réjouirait s’ils ne l’avaient déformée jusqu’à la caricature.

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Illustration du traité de la Virginité

• En 1866, l’un de ces brillants archivistes, Léopold Delisle, conservateur à la Bibliothèque Nationale à paris, retrouve, sur un manuscrit authentique du Xe siècle la mention du voyage à Compostelle de l’évêque du Puy Godescalc en 951.

Il est essentiel d’insister sur le fait que ce pèlerinage de Godescalc a été oublié pendant mille ans et n’a été exhumé des archives qu’au XIXe siècle, en n’étant connu de surcroît que du petit cercle des érudits locaux du Puy. Cette mention ne dit rien d’autre que ce qu’a écrit le moine Gomez, rien en particulier sur le chemin que l’évêque a emprunté, en cet hiver de 951, rien non plus sur sa « suite nombreuse »…
Voir l’article sur Godescalc

• En 1869, eut lieu la publication des mémoires d’Etienne de Médicis, un bourgeois du Puy qui consacra plus de cinquante années de sa vie, entre 1500 et 1558, à rédiger l’histoire de sa ville (Le livre de Podio ou Chroniques d’Etienne de Médicis (1475-1565), éd. Augustin Chassaing, Le Puy, 1869, 2 vol.). Cette publication, restée elle aussi confidentielle, apporta trois autres informations relatives au pèlerinage :

- En 1476, un certain Pierre Pafayac « un peu débile d’entendement » est allé à Compostelle.

- Parmi les seize portes de la ville, dont de nombreuses sont mises sous la protection d’un saint, l’une

« s’appelle la porte Sainct-Jacme pour ce que c’est la porte par laquelle on sort d’icelle ville du Puy pour aller au pèlerinage du glorieux apôtre monseigneur Sainct Jacques le Majeur en Compostelle ou Galice »

Rappelons qu’au XVIe siècle, les pèlerinages à Compostelle attirent de plus en plus de catholiques cherchant un réconfort dans une Espagne qui, seule, ne fut pas touchée par le Protestantisme.

- Médicis mentionne aussi, parmi les « sainctes reliques de l’église Nostre-Dame du Puy… partie d’un doigt de sainct Jacques le mineur »

• Toujours au XIXe siècle, les inventaires des archives apprennent que, en 1253, la ville comptait plusieurs hôpitaux voués eux aussi à plusieurs saints : saint Jean, saint Gilles, saint Nicolas … et saint Jacques (Arch. dép. Haute-Loire, H sup. Hôtel-Dieu du Puy 1 B 11). Ce dernier était situé à l’entrée de la rue Saint-Jacques qui existe encore aujourd’hui. Malgré des agrandissements urbains intervenus au XVIIIe siècle on devine, comme dans beaucoup d’autres villes au Moyen Age, un quartier Saint-Jacques, organisé autour de la porte, le long d’une rue Saint-Jacques (dont une partie semble devenir plus tard rue du faubourg Saint-Jacques, aujourd’hui rue des Capucins).

Croix de la rue des Capucins, angle rue Alphonse-TerrassonLa limite avec les paroisses voisines d’Espaly et de Vals était marquée par l’arbre Sainct-Jacme offrant son ombre à une croix. Au XIVe siècle, se tenait dans cette rue une fête patronale très suivie et fort joyeuse, le 25 juillet (Arch. dép. Haute-Loire, 1 B 395), avec une confrérie charitable qui, le jour de l’Ascension, faisait une distribution générale dans toutes les maisons de la rue. Il semble que l’hôpital Saint-Jacques ait été géré par les habitants du quartier, en la personne de "bayles" (Boudon-Lashermes, Albert, La vie d’autrefois au Puy-en-Velay, Saint-Etienne, 1912).

• Enfin, en 1882, la première édition latine du Guide du pèlerin révélait à ce même cercle restreint d’érudits qu’au XIIe siècle l’une des « quatre voies historiques » pour aller à Compostelle partait du Puy en passant par Conques et Moissac.

• Malgré ces riches éléments, lorsque, en 1884, le pape Léon XIII authentifie les reliques de saint Jacques à Compostelle et recommande à tous les évêques d’annoncer cet événement afin qu’il « soit partout connu et que tous les chrétiens entreprennent les pieux pèlerinages à ce saint tombeau, comme nos ancêtres avaient coutume de le faire », la Semaine Religieuse du diocèse du Puy, contrairement à plusieurs autres diocèses qui publient intégralement la lettre du pape, ne relate l’événement qu’en quelques brèves lignes :

« A l’Espagne, dans le sanctuaire le plus glorieux, le plus vénéré, il (Léon XIII) a remis en honneur les reliques insignes de l’apôtre saint Jacques le Majeur et accordé le grand jubilé de pardon »

Jusqu’au milieu du XXe siècle, le Puy n’a cure de Compostelle

Malgré sa mémoire jacquaire retrouvée, le Puy ne se soucie guère de mettre en valeur le chemin qui mène à Compostelle, jusqu’à l’arrivée, le 6 février 1940, d’un nouvel évêque nommé par le pape Pie XII, l’abbé Joseph-Marie Martin (1891-1978). Il était à ce moment directeur des oeuvres diocésaines et vicaire général du diocèse de Bordeaux. Il est intronisé le 20 avril.

Une coquille et des étoiles dans son blason épiscopal marquent son attachement à Compostelle et annoncent « le Saint-Jacques » : le 4e quartier porte des étoiles pour rappeler « la Voie Lactée ou chemin de Saint-Jacques qui unissait le Puy à Compostelle et traçait la route aux pèlerins » En effet, alors qu’il était aumônier des étudiants à Bordeaux, il avait déjà organisé, (en 1938 ou 1939 ?) un pèlerinage à pied à Compostelle.
Voir article sur Mgr Martin

Un pèlerinage qui avait eu une faible audience, puisque seulement trois étudiants étaient au départ, ce qu’il regrette en ces termes :

« Oserai-je dire qu’après avoir annoncé urbi et orbi l’organisation du pèlerinage et lancé mes invitations, j’ai éprouvé quelque déception en ne trouvant que trois étudiants au départ ? »

Osmin Ricau, qui relate cet échec dans Aspects Gascons des chemins de Saint-Jacques, ajoute ce commentaire :

« il avait quelques raisons de croire à la sincérité, à la force des convictions religieuses des étudiants. Ces jeunes gens étaient alors oisifs, généralement riches et pouvant se permettre un voyage a pied, d’ailleurs le moins coûteux qui soit. L’idée avait été accueillie avec le plus grand enthousiasme ; elle avait été abondamment rappelée par des affiches, des circulaires, des lettres personnelles, des conversations,... Et pourtant, il n’y eut que trois étudiants présents au rendez-vous ! »

Les années de guerre n’ont pas permis à Mgr. Martin de développer ce pèlerinage comme il l’aurait sans doute souhaité, mais, par un nouveau pèlerinage à Compostelle en 1942, il a certainement contribué à resserrer des liens et à l’émergence de la « route du Puy ». Un exemple, en 1949 l’auteur du livre Le Puy, ville sainte, ville d’art, affabule déjà en affirmant que saint Roch en personne est parti du Puy pour aller à Compostelle. En 1951, des intellectuels français sous la direction d’Elie Lambert élaborent à Compostelle une exposition commémorative du millénaire du pèlerinage de Godescalc, exposition présentée ensuite à Burgos et à Madrid. Qui est à l’origine de ces manifestations ? avec quels appuis ? et quels objectifs autres que de célébration d’un anniversaire ? Ces questions ouvrent la voie à des recherches dans les documents de l’époque et auprès des acteurs encore en vie. Le Puy y joue manifestement un rôle il conviendra d’étudier la part respective des autorités civiles et ecclésiastiques et de le compléter par les apports d’autres acteurs, français et espagnols .

Une lente naissance contemporaine

En 1951, à l’occasion de cette célébration à Compostelle du millénaire du voyage de Godescalc, la Semaine Religieuse du diocèse du Puy reproduit un article de l’abbé Chanal paru dans le bulletin de l’Archiconfrérie de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce texte rappelle les origines espagnoles de Godescalc (jamais encore établies) et les liens (fort réels ceux-là) qui ont existé entre Le Puy et l’Espagne, en particulier les « riches présents » des rois d’Aragon et Castille à la Vierge Noire et les sanctuaires espagnols où le culte à la Vierge se réfère à N-D du Puy. Et l’abbé d’affirmer :

« les pèlerins s’assemblaient devant une des plus vieilles églises du Puy, celle de Saint-Pierre-le-Monastier »

Mais il n’en apporte pas la moindre preuve et ne fournit aucun indice. Il se dédouane de cette légèreté en regrettant que « le cadre restreint de l’article ne lui permette pas d’entrer dans de plus amples détails » ; c’est dommage ... les sources historiques de cette information restent à trouver.

En retour, en 1962, le Puy commémore le millénaire de la consécration, par le même évêque Godescalc, de la chapelle de Saint-Michel d’Aiguilhe (autre événement historique indiscutable). L’archevêque de Compostelle Mgr. Quiroga y Palacios y participe en pèlerin et préside la cérémonie. Il est accueilli au Puy par Mgr Dolzome, évêque du Puy, accompagné, entre autres personnalités, par Charles Pichon, président du comité France-Espagne qui avait organisé un grand pèlerinage à Compostelle en 1938.

La Semaine Religieuse consacre plusieurs pages à ces festivités. On fait ouvrir deux routes, toutes deux au départ du Puy. A l’aller, sur la « variante » (on appelle ainsi toute route non mentionnée par le Guide du pèlerin) par Saint-Flour et Aurillac, Mgr. Quiroga célèbre la messe à Saint-Jacques-des-Blats et bénit une stèle érigée au bord de la nationale « en souvenir du passage des nombreux pèlerins ». Au retour, il s’arrête à Conques et Moissac. En août 1962, l’évêque du Puy Mgr. Dolzome évoque devant les jeunes de quatorze nations « la Vierge Noire qui est aussi Notre-Dame de la Route et notamment celle de Saint-Jacques-de-Compostelle ».

Peut-être à la suite du succès de ces manifestations, une délibération du Conseil Municipal du 18 février 1966 donne le nom de rue de Compostelle à la rue qui prolonge la rue Saint-jacques et la rue des Capucins.

La naissance du "Saint-Jacques"

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Le premier descriptif du GR 65 au départ du Puy
Le "Saint-Jacques" au départ du Puy a été tracé en 1970 sans bases historiques

Cette partie a été écrite après une conversation téléphonique avec Jean Chaize, rédacteur du numéro spécial consacré à saint Jacques par la revue le Fil n° 15, 1992, auprès duquel nous avons recherché les sources historiques, bases de sa rédaction. En effet, le seul document écrit situant le Puy sur une route de Compostelle est un Livre du Codex Calixtinus, traduit en français en 1938 par Jeanne Vielliard sous le nom de Guide du Pèlerin.

Nous avons appris à cette occasion que Jean Chaize avait été la cheville ouvrière de l’équipe qui a tracé en Haute-Loire le chemin qui est devenu le GR65. Il nous a confié que face à "une histoire vaporeuse" et "en l’absence de sources sûres", il s’était référé à ce qui était "passé dans l’usage" à l’époque de ses recherches faites début 1970, à la demande du CNSGR (Comité National des Sentiers de Grande Randonnée, le prédécesseur de la FFRP) en vue de tracer un chemin de pèlerinage en Haute-Loire au départ du Puy.

A l’époque, le souci de ces pionniers fut de tracer un chemin bucolique reliant des “traces jacquaires” (coquilles ou vocables Saint-Jacques). Cette seconde exigence a conduit malheureusement à éliminer une vieille voie marchande attestée par des textes, la via vocatala marchadeyro dite aussi via mercatoria et dont il eut été possible de retrouver l’ancien tracé dans la montagne. Jean Chaize concluait, p. 50-51 :

Les plus vieux chemins sont pratiquement vierges de références au pèlerinage… Lorsque, en 1972, pour faire revivre cette épopée en bâtissant un itinéraire pédestre authentique, il fallut choisir, l’équipe a surtout tenu compte des éléments… qui offraient les meilleures possibilités en matière de logement… Mais l’on dut aussi refuser de lancer les randonneurs sur des tronçons attestés mais soumis à un intense trafic…”

Depuis notre entretien, Jean Chaize a bien voulu nous confier le texte d’une communication qu’il a faite à la Société Académique du Puy : "Les coulisses de l’implantation en Haute-Loire du chemin de Saint-Jacques".
Voir le texte de Jean Chaize

Avant cette initiative du CNSGR, pratiquement personne ne pensait au développement du pèlerinage à pied ; on ne parlait que pèlerinages en autocar ou en voiture. Mais après mai 1968, avec ses idées de retour aux racines, aux vertus de la campagne et de la marche à pied, tout s’accélère, si l’on peut parler ainsi de l’engouement pour la lenteur… La Fédération Française de Randonnée Pédestre publie en 1972 le premier fascicule Le Puy-Aubrac du « sentier de Saint-Jacques », sentier bucolique par excellence, exempt de grandes villes qu’il fallait fuir à tout prix. Toute la littérature des années 1950 se trouva reprise dans les guides et les journaux. Tout le monde s’est pris au jeu et rajouta sa pierre à l’édifice : la ferme du Sauvage, possession de l’Hôtel-Dieu du Puy, devint de ce fait « un lieu d’accueil pour les jacquets », avant de devenir gîte d’étape et d’accueillir enfin des pèlerins … Une voix très autorisée affirme même que l’hôtel-Dieu du Puy fut fondé pour les pèlerins de Compostelle, d’après un texte du XVe siècle, ce qui, vérification faite auprès du directeur des Archives départementales s’avère faux. Récemment, un professionnel du tourisme pèlerin a même annoncé qu’il était en passe d’authentifier et de baliser l’itinéraire exact suivi par Godelscac.

En 1974 un livre d’or est ouvert pour les pèlerins à la Cathédrale. Mais pourtant, lorsqu’en 1978, un prêtre du diocèse entreprend le pèlerinage de Compostelle, il le fait à la surprise de ses confrères. Et, à notre connaissance, les Semaine Religieuse du diocèse sont muettes sur Compostelle pendant toute la décennie 1980 –1990. Début 1990, les pèlerins se faisant de plus en plus nombreux, le recteur de la cathédrale, le père Comte, réalisa qu’aucune image de saint Jacques n’ornait son église. Il lança une souscription et acquit la statue du XVe siècle devant laquelle les pèlerins d’aujourd’hui se recueillent, la croyant installée depuis sa création (bel exemple de mensonge par omission !).

Ces dernières années, l’évêque du Puy, en accord total avec l’office du Tourisme de la ville encourage le renouveau du pèlerinage et développe l’accueil des pèlerins en particulier par une Messe quotidienne. Les évêques DU chemin voient dans ces derniers de futurs fidèles pour l’Eglise et se préoccupent maintenant de faire de la route du Puy une route privilégiée pour un pèlerinage catholique. L’Episcopat a-t-il une position unique ? D’autres évêques semblent préférer que ces « pèlerins » en recherche effectuent leur démarche seuls, sans incitations dont ils craignent qu’elles apparaissent parfois plus répulsives qu’attractives, ni "récupération" prématurée de personnes en recherche ; ils sont également soucieux de tous ceux qui ne partent pas du Puy.

En un demi-siècle, Le Puy a su devenir un grand point de départ pour Compostelle.

L’Histoire a-t-elle été bafouée ?

• Non en ce qui concerne le fait du voyage de Godescalc à Compostelle ; Oui quand, omettant de tenir compte de la date à laquelle ce fait a été connu, Godescalc est supposé avoir entrainé des foules à suivre son exemple pendant tout le Moyen Age.

• Non quant à la réalité du pèlerinage à Compostelle et au fait que Le Puy ait été mentionné comme un sanctuaire sur le chemin de Compostelle ; Oui quand la ville est présentée, sans preuves, comme un lieu de rassemblement de pèlerins empruntant ce chemin.

• Non quand on cite les hôpitaux ouverts au Puy pour recevoir les pèlerins ; Oui quand on prétend que ces pèlerins étaient des pèlerins de saint Jacques en Galice, oubliant les foules qui se pressaient au Puy pour vénérer Notre-Dame.

• Non en ce qui concerne l’hôpital d’Aubrac, bien réel depuis 1120 ; Oui quand on fait passer pour véridiques des récits de sa fondation datant, eux, du XVe siècle. Comme si des récits légendaires n’étaient pas aussi propices au rêve qu’une histoire vraie.
Voir un article sur les dangers de l’Aubrac

• Certes les routes au Moyen Age ne ressemblaient pas à celle d’aujourd’hui, faut-il pour autant présenter les difficultés du GR actuel (sentiers difficiles voire impraticables à certaines périodes et rallongeant les distances de façon importante, barrières à franchir, vaches à affronter, villages espacés) comme inhérentes au pèlerinage, parce que « c’était comme ça au Moyen Age » ?

Après tout, tant mieux. Grâce à ces entorses à l’histoire, la ville du Puy est redevenue ville-sanctuaire à longueur d’année alors que la Vierge Noire ne faisait recette que certains jours. De plus, les villages des montagnes ont vu se réinstaller une vie grâce à ces pèlerins-marcheurs. Il faut reconnaître l’efficacité de cette démarche et saluer la réussite de cette promotion qui doit aussi beaucoup à la majesté des paysages de l’Aubrac. Beaucoup de villes envient cette réussite du Puy, au fil des années, la concurrence se fait rude, chacun se battant pour que « Le chemin » traverse sa région, sa ville, son village, apportant une manne comparable à celle que génère ce fameux « chemin du Puy ». Tous ont les yeux tournés vers cette ville qui a su bâtir depuis un demi-siècle une renommée… séculaire. A l’autre bout de la route, la Galice aussi se réjouit de voir le pèlerin remplacer le soleil dont bénéficie la Costa Brava comme produit d’appel touristique et apporter une richesse qu’elle n’espérait plus, mais qu’elle a quand même réussi à capter grâce à des investissements bien conçus. Avant Le Puy, elle avait su dans d’autres circonstances plus dramatiques utiliser le pèlerinage à son profit.

Etait-il nécessaire de travestir l’histoire pour promouvoir le chemin du Puy ? La majesté des paysages de l’Aubrac et les révélations du protévangile liant saint Jacques à Notre-Dame n’étaient-ils pas suffisants ?

Sur la place du Puy dans le renouveau du pèlerinage, voir un article du Monde des 17/18 août 2020 et les commentaires de la Fondation : article du Monde.


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