saint Jacques et Compostelle
Chemins de Compostelle, Itinéraire Culturel Européen
pour découvrir quelques aspects de la question (vendredi 5 septembre 2008)
En 2007, des manifestations au Puy et à Santiago ont célébré le 20e anniversaire de la définition des chemins de Compostelle comme premier Itinéraire Culturel Européen. Si Compostelle est devenue un symbole européen, c’est à la suite d’une longue histoire. L’article qui suit propose quatre entrées possibles pour la mieux connaitre.

L’action de l’Eglise et des papes

Chacun se souvient du discours de Jean-Paul II à Compostelle en novembre 1982 et de son appel à l’Europe pour qu’elle retrouve ses racines chrétiennes, moment fort de l’histoire de Compostelle.

Etape importante vers l’Itinéraire Culturel Européen de 1987, ce pèlerinage de Jean-Paul II a ouvert la voie à une utilisation politique contemporaine du mythe de Compostelle.

Le succès de Compostelle est en passe d’occulter les dévotions à saint Jacques en France et de faire oublier notre patrimoine national. Cet anniversaire donne l’occasion d’une information renouvelée donnant sa vraie place à Compostelle.

N’oublions pas non plus que devenus chemins de tolérance, les chemins de Saint-Jacques (Matamore) ont, dans l’histoire, conduit à l’Inquisition en Espagne et à l’expulsion des Juifs ... ni que des seigneurs chrétiens, voire des évêques, se sont parfois associés aux Sarrasins pour se battre entre eux.

Saint Jacques, passeur des âmes ...

Carte des reliques de saint Jacques en FranceLa carte ci-contre montre le grand nombre de sanctuaires locaux où étaient vénérées des reliques de saint Jacques. Chacun était l’objet d’un pèlerinage. Ainsi à Echirolles, les échevins de Grenoble sont allés chaque année, jusqu’en 1721, implorer saint Jacques contre les crues du Drac.

Un corps de saint Jacques était vénéré à Toulouse, un autre à Angers. La Fondation a publié en 2020 un ouvrage relatant cette histoire d’Angers**.

Dans tous ces sanctuaires la légende de saint Jacques était racontée. Ils ont contribué au renom du sanctuaire galicien. Mais tous les pèlerins qui venaient y prier n’allaient pas à Compostelle.

Saint Jacques, auteur supposé de l’Epître qui recommandait l’onction des malades était vénéré comme "passeur des âmes". Beaucoup de pèlerins contemporains marchent aussi à l’occasion d’un deuil. Pour beaucoup de retraités, c’est celui de la vie professionnelle.

La " Bible" de Compostelle

La Fondation est à l’origine de la première traduction intégrale en français du Codex Calixtinus* connu aussi sous le nom de Jacobus, ou Livre de saint Jacques. Contrairement à la Bible, ce document a été très peu diffusé. Il est connu surtout par la Chronique de Turpin, qui raconte la légende de l’intervention de Charlemagne pour délivrer le tombeau de l’apôtre. Il est la base de toutes les légendes et de tout le merveilleux qui s’attachent à Compostelle. On y trouve les récits de la Translation miraculeuse du corps de l’apôtre vers la Galice, les miracles qui lui sont attribués et de nobreuses pièces liturgiques .

La recherche appliquée aux textes de ce manuscrit est riche d’enseignements. Elle a montré en particulier que les millions de pèlerins médiévaux dont on parle souvent ne résultent pas de dénombrements comme cela a été cru dans les années 1950. L’image, traduite en nombre de pèlerins, est celle des foules d’élus marchant vers la Jérusalem céleste, image biblique que Compostelle s’est appliquée dans ce manuscrit.

Pour en savoir plus voir : "D’où viennent les millions de pèlerins de Compostelle ?"

Les chemins de Compostelle

Itinéraires de pèlerins, XVe et XVIe sièclesLes itinéraires de pèlerins attestés ne suivent pas les "quatre chemins historiques" définis au XXe siècle par suite d’une mauvaise interprétation du Codex Calixtinus.

Ces quatre chemins reposent sur des hypothèses fausses. La plus répandue des cartes qui les représentent est doublement fausse car elle a été datée de 1648. Très esthétique, longtemps vendue avec la référence des Musées nationaux, cette "forgerie", comme disait René de La Coste, connaît un succès constant. Ceux qui la publient se gardent bien de dire la vérité.

Ainsi, le Monde de la Bible, n° 159, 2004, écrit-il sous la plume d’André Vauchez, médiéviste de renom, sans doute mal informé par l’association qu’il présidait à l’époque, : « Datée de 1648, cette carte a été reprise et complétée par D. Derveaux vers 1970 d’après un fond de carte d’inspiration ancienne ». Merveille d’hypocrisie pour continuer à entretenir une erreur et plaire à ceux qui vivent du pèlerinage.

Voir : Quand les fausses cartes font la loi

Voir aussi : Le tracé du premier itinéraire Culturel Européen

Pages du site de l’Institut européen des Itinéraires Culturels

Parmi les publications de la Fondation :

* "La légende Compostelle, Le Livre de Jacques", Bernard Gicquel, professeur honoraire de l’Université du Mans, Paris,Tallandier, 2003, première traduction intégrale en français du Codex Calixtinus

** "Recherche et avis sur le corps de saint Jacques à Angers", fac-similé de l’ouvrage de Claude Ménard, publié à Angers en 1610, transcrit et annoté par Denise Péricard-Méa, préface de Nicole Lemaitre, professeur à Paris I, collection Autour de Compostelle, Fondation et éditions Atlantica-Séguier, 2006


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