Padron Depuis Compostelle, on passe d’abord à Iria, ancienne capitale Iria Flavia, siège de l’évêché, détrônée par Compostelle. Elle n’est plus qu’une paroisse située dans les faubourgs de Padron. Eglise Santa Maria. 28 tombeaux des évêques d’Iria. Dès le VIe siècle, un évêque y réside. Padron, là où s’échoua la barque de l’apôtre est située au fond de la ria de Arousa, magnifique enclave à l’embouchure des rivières Sar et Ulla. La Venise galicienne. 1 800 habitants. Site enchanteur au pied des montagnes protectrices, avec les deux cours d’eau qui donnent au paysage une grâce pleine de fraîcheur. Padron fut créée au XIe siècle par les évêques de Compostelle comme avant-poste protecteur pour leur commerce atlantique en même temps que protection des envahisseurs. Gelmirez y élève la première église Saint-Jacques, y créée le port et concède des franchises, ainsi que Alphonse VI, Ferdinand Ier (donne le premier fort). 1475, guerre civile au cours de laquelle le château de la Rocha Blanca et la forteresse qui jouxtait l’église furent détruits. La ville dépend de l’archevêché de Compostelle
Dans l’église, le rocher. Sur les bords du Sar, une réplique exacte.
Dans la Légende de Compostelle, première traduction intégrale du Codex Calixtinus, Bernard Gicquel écrit : « Ce qui est raconté sur le moment de l’arrivée entre en opposition diamétrale avec les données rapportées par l’hymne papale. Le corps n’est pas élevé, d’une manière ou d’une autre, dans les airs mais s’enfonce au contraire dans la pierre… On n’a pas manqué de montrer à Padrón cette pierre. Le début du sermon Veneranda dies du Livre de saint Jacques (Livre I, chapitre XVII) semble y faire écho lorsqu’il déclare :
« Deux pierres doivent être particulièrement vénérées par les pèlerins de Saint Jacques : l’une sur laquelle le corps de l’Apôtre a été déposé en son temps par ses disciples lors de la translation vers Iria, l’autre parce qu’ils y ont célébré, ce qui est plus grand, le sacrifice de l’Eucharistie. » Mais le même Gicquel traduit autrement dans le texte : « Lorsque je vis ce rocher, j’ai reconnu qu’il venait de Galice. Cependant il convient de révérer convenablement le rocher de saint Jacques pour deux raisons : la première est qu’après l’arrivée du corps de l’apôtre dans le port d’Iria les disciples, comme il est raconté, le déposèrent sur ce rocher, la seconde – et c’est encore plus important – parce que l’eucharistie y fut célébrée » Ces pierres ont été montrées un temps à Padrón, ainsi qu’une troisième, en forme de barque, que mentionne Boccace lorsqu’il déclare que saint Jacques a traversé la mer d’Hespérie sur un marbre flottant. La pierre sur laquelle les disciples posèrent le corps de saint Jacques et qui prit d’elle-même la forme d’un cercueil n’est que la plus célèbre des curiosités lapidaires, étymologiquement rattachées à la ville de Padrón (rocher, pierre) et propres à satisfaire le touriste qui sommeille en chaque pèlerin. Elle a été déposée devant la façade de l’église, reconstruite en 1134 par Diego Gelmirez comme le rapporte l’Historia Compostellana, liv. III, chap. 36. Il est probable que cette pierre, dont on ne possède aucune trace auparavant, a été trouvée au cours des travaux de déblaiement, et que sa forme particulière a été expliquée par l’empreinte de la sainte dépouille. L’insertion de cette donnée dans la légende de saint Jacques n’a sans doute pu se faire qu’après la déposition de cette pierre devant l’église où, selon les témoignages de divers pèlerins, elle se trouvait dans l’eau.
Correctifs Gicquel : La traduction p.686 est fautive et relève du contresens. Il manque à la traduction p.353 l’adverbe pour dire "y fut célébrée assidûment." C’est l’idée fausse d’un culte continu de saint Jacques depuis sa translation. L’erreur de la traduction p. 686 s’explique par le fait qu’il y a deux conceptions ou traditions ( ?) différentes de ce qu’il advient de la pierre sur laquelle les apôtres posent le corps de saint Jacques. Selon le sermon Veneranda dies, la grande pierre - perron est en vieux français le dérivé de petronus - sur laquelle a été déposé le corps de Jacques n’a subi aucune modification de ce fait et, à la suite de cela, elle a été utilisée comme table d’autel, ce qui prouve bien qu’elle était restée plate. (Evidemment, cette conception est dirigée contre la suivante.) Selon la translation de Marchiennes (p.71), le corps de Jacques s’enfonce dans la pierre comme dans du beurre, montrant par là qu’il voulait avoir cette pierre pour cercueil. Je crois me souvenir d’un autre récit encore où il est dit que le corps est emporté avec la pierre jusqu’à la sépulture, mais je ne le retrouve pas, et il contredirait la découverte ultérieure de la pierre à Padron.
Il y a donc, selon le texte sur lequel on se fonde, deux définitions différentes de la pierre sur laquelle reposa la dépouille de saint Jacques. Mon erreur certaine a été de considérer que le texte du sermon Veneranda dies évoquait ces deux pierres. Mais qu’en est-il en réalité ? La pierre creusée par la marque du corps et que l’on immerge plus tard, et celle qui sert de table d’autel sont-elles une seule et même pierre ou deux ? La question ne se pose peut-être même pas.
Pour échapper à ce cruel et peut-être insoluble dilemme, je remarque que l’enfoncement dans la pierre est un miracle qui se substitue à l’élévation dans les airs qui figure dans les versions les plus anciennes. Au niveau du sermon Veneranda dies, il n’y a plus de miracle du tout. Le rationalisme a fait quelques progrès.
Revenant au cippe de Padron, le panneau reprend à son compte l’interprétation de Jacques "assis sur un rocher" que refuse le sermon Veneranda dies. (Vous vous souvenez que c’est aussi la version du texte sur les îles Féroë). Pas étonnant, puisque personne, selon moi, n’a lu le Codex. CIPPUS CUI NOMEN PETRONUM ADEST EI NAVIM S. JACOBI ZABEDAEI CORPORIS VECTRICEM ALLIGATAM FUISSE PIE CREDITUR Cippe sur lequel figure le nom de Padron. On croit pieusement que le navire qui porta le corps de saint Jacques y fut amarré. (trad Gicquel)
Sous le maître-autel de la collégiale Saint-Jacques se trouve un ara, pierre d’autel païen devenue concave pour recevoir le corps du saint.
1417 Nompar de Caumont dit
« C’est un lieu auquel Monseigneur saint Jaques arriba d’outre mer où lez Sarrazins l’avoient couppé le teste et vint en une nef de pierre le chief et le corps séparés l’un de l’autre, tout seul sans autre chouse et j’ay veu le nef a le rive de le mer »
Rosmital en 1466 :
« Les disciples recueillirent sa dépouille en secret et la placèrent sur une nef, qui se trouvait près du rivage. Un ange descendu vers eux du ciel prit le gouvernail et à l’instant se mit à luire au-dessus d’eux une étoile dont l’éclat leur montrait le chemin jusqu’à la ville de Padrón, où il avait prêché auparavant, distante de quatre milles du lieu où est maintenant sa sépulture. Comme ils arrivaient sur la rivière de cette ville qui s’appelle le Sar, ils placèrent le corps saint sur une pierre que nous avons tous vue et dans laquelle restent imprimées les traces de son corps, aussi fraîches que si elles venaient d’être faites. Apprenant que des pèlerins arrachaient de toutes parts des morceaux de cette pierre, le pape la fit immerger et prit soin de faire construire des gradins de pierre où les curieux peuvent aller pour la contempler. Elle est au fond d’un bassin assez profond, mais on la voit maintenant très distinctement grâce à la transparence de l’eau. Certains estiment que saint Jacques est mort sur cette pierre, qu’elle lui servi d’esquif sur la mer et qu’il est venu sur elle jusqu’à Padrón, mais d’autres pensent qu’il a été martyrisé et qu’il est mort à Jérusalem. On y voit aujourd’hui encore la trace de son pied. Là où sa tête et son corps ont reposé, il a laissé une marque dans la pierre comme si c’était de la cire »
Une légende rapporte comment la barque de saint Jacques dans laquelle reposait le corps du saint fut entourée d’une escorte de saumons. Saint Jacques les invita à se réjouir de leur destin qui consistait à nourrir les chrétiens. (site Internet de la « municipio de Padron », traduction Carlos Montenegro) :
« ... Sous le maître-autel se trouve le pedrón, qui est en réalité une pierre d’autel romain avec une inscription qui a été modifiée au XVIe siècle.
IHS (disparu) NO ORI ESES DSP
L’original semblait dire NEPTUNO CATORIESES DE SUO POSUERE. Les modifications ont consisté dans le remplacement du mot Neptuno par Patrono et dans l’addition d’une croix »
Autre lecture proposée dans Guia de Padron, Hercules de Editions, 1997, p. 96 : A NEPTUNO LOS CATORIENSES PUSIERON DE SU BOLSILLO.
B. Gicquel : 1° Le panneau gravé est très difficiliment lisible en entier. Je discerne :" Cippus cui nomen adest...navim S. Jacobi Zebedei...vectricem alligatam fuisse.." Compte tenu de l’incertitude quand on ne saisit pas la totalité du message, on y trouve l’affirmation selon laquelle la pierre porterait le nom de Padron et qu’elle ait été apportée là comme véhicule de saint Jacques. Ce qui est certainement doublement faux.
2° La forme même de la pierre qui est effectivement un cippe interdit de considérer que l’inscription est composée de la fin de mots dont le début aurait disparu. Il faut donc les prendre pour ce qu’ils sont, sans leur ajouter un début fantasmatique. NO = je nage, je flotte ORI = à l’embouchure. (Il me semble qu’il devrait y avoir ORE à l’ablatif, mais il se peut que le texte mêle les i et les é, selon la phonétique germanique, ce qui serait intéressant pour le mot suivant :) ESES (ISIS) = moi, Isis DSP (DEA SINE PARI) = déesse sans égale.
3° Je trouve quelque chose qui pourrait fournir un début d’explication dans Jacob Grimm, Deutsche Mythologie, t. II, ch. XIII : "Les Grecs et les Romains avaient coutume au début du printemps, lorsque la mer impraticable en hiver redevenait navigable, de faire une procession solennelle et d’offrir à Isis un bateau. Cela se passait le 5 mars (le 3 des nones de mars) et ce jour est mentionné dans le calendrier paysan comme la "navigation d’Isis"." Grimm signale précédemment d’après Tacite qu’une partie des Suèves rendait un culte à Isis, dont le symbole était une liburne ou bateau léger.
4° Il serait donc possible que cette sorte d’autel situé à l’embouchure des deux rivières qui se rejoignent à Padron ait été pratiquement immergé pendant les mois d’hiver mais qu’il donne à nouveau l’impression de flotter sur les eaux dès que la saison est plus clémente. Bonne raison de le consacrer à Isis.
5° Pour le sens, l’attribution à Neptune est assez judicieuse mais je ne vois pas que l’on puisse conclure philologiquement du NO du texte à celui-ci, plus qu’à Padron. En tout cas la mise en relation avec saint Jacques risque de n’être pas plus ancienne que la confection du panneau gravé qui la raconte. Je serai toutefois prudent sur ce chapitre aussi longtemps que je n’ai pas lu le texte de Boccace sur la barque de pierre.
Pont Saint-Jacques sur le Sar : 1852 en remplacement d’un pont médiéval sur le Sar.. Fontaine du couvent du Carmel : reconstruction qui date de la fin du XVIIIe siècle. Dans la niche supérieure, l’apôtre baptise la reine Lupa, une fois qu’elle fut convertie au christianisme.
Santiaguiño do monte. Escaliers qui mènent à l’ermitage. Rochers où saint Jacques à prêché. On passe dessous, Enfer, Purgatoire afin d’accéder directement au Paradis. Sur ces rochers, les premières messes dites par saint Jacques réfugié là à cause des persécutions. Légendes qui revivent en juillet. L’arrivée est refaite. Au-dessus, le Monte Santiaguiño, où l’apôtre a commencé sa prédication. La grotte du Monte Santiaguiño. Les pèlerins doivent, pour obtenir "la remise de nombreuses fautes", pénétrer "avec un sentiment religieux" dans cette grotte, cachée sous le rocher du Monte Santiaguino ; au cours de cette visite, "Johannes Zehrowsky en y descendant, tout noir et affaibli perdit connaissance" et il fut sorti par ses compagnons "à grand peine car l’ouverture était extrêmement étroite". L’auteur du récit répète ensuite que "la rémission de nombreux péchés est accordée par le pape à ceux qui descendent dans cette grotte". Un ermitage et quelques ensembles mégalithiques rappellent la première prédication de l’apôtre. La trace de saint Jacques se trouve également à la Fuente de Santiago (fontaine de saint Jacques) Ambroise de Moralès, au XVIe siècle, rapporte les légendes populaires qui entourent les hauteurs de Padron, sur la pointe que nous voyons de l’autre côté de la source de saint Jacques où aurait abordé l’apôtre. Sur un tertre herbu, au sommet duquel s’entassent les rochers, certains d’entre eux ouverts et creusés miraculeusement par le bâton du saint qui réussit de cette façon à se cacher des païens qui le recherchaient. C’est “El Santaguiño” En 1466 les compagnons de Léon de Rosmital racontent "En dehors de la ville, il y a une petite église. On dit qu’elle a été construite par saint Jacques et que celui-ci y a habité un bon bout de temps parce qu’il prêchait en Galice. Mais avec toutes ses prédications, il n’a pu convertir dans sa vie plus de 2 hommes ; cependant après sa mort tout le pays de Galice était converti. Une fois saint Jacques, sous les jets de 3 tireurs s’est retiré sur une colline, s’est assis et s’est mis à pleurer de façon pitoyable ; il était affligé de n’avoir pu convertir plus de deux hommes. Là il eut grand soif et enfonça son bâton dans la terre, d’où se mit à jaillir une jolie source qui se trouve encore en cet endroit. Et l’on dit que saint Jacques se rendait de temps en temps à la dite fontaine, quand il voulait boire. Là mon seigneur et moi et nous tous nous y bûmes.
A Pontecesures, tout près de Padron, le pont sur l’Ulla date du XIIe siècle. Selon certains, son constructeur dut quitter le chantier car il fut appelé à Compostelle pour construire le Porche de la Gloire. Son nom : le fameux maître Matteo.
Au-delà de Padron, à une dizaine de km, l’embouchure de l’Ulla protégée par les “tours de Oeste”, construites par les évêques de Compostelle. Fermant le fond de la ria de Arousa, les fameuses tours de Catoira, 7 tours préromanes, fortifiées par les Romains puis à nouveau par l’archevêque Gelmirez pour résister aux invasions normandes. Gelmirez s’y fit aménager une résidence. Ria profonde de 40 km. Mer intérieure. Ruines de la forteresse construite par Alphonse V Cresconio lutte contre le chef danois qui se fait appeler Galicia Ulf (Conquérant de la Galice). L’évêque met une chapelle Saint-Jacques à l’entrée des rias et bâtit la forteresse d’Oeste : les "tours de l’Ouest". Les Vikings ne peuvent plus se déplacer.
Intercommunications visuelles entre les tours de Padron et celle de Oeste.
Pèlerinage Fisterra-Muxia, dans le contexte de l’évangélisation de la Galice. Les pèlerins allaient directement à Noia en traversant la presqu’île mais, si on en a la possibilité on peut en faire le tour, pour la beauté des sites et les souvenirs compostellans. Prétexte à voir les paysages des rias galiciennes qui comptent parmi les plus beaux du monde. Embouchures profondes qui se frayent un chemin à travers la côte rocheuse. Noia, petite Compostelle : résidence d’un archevêque français, Béranger de Landoire qui avait été mal accueilli par les habitants de Compostelle. A sa suite, furent construits palais et églises. Maisons nobles aux arcades gothiques dans la très belle enceinte historique. 4 000 habitants
Ponte Maceira, près de Negreira. Le pont qui s’est effondré sous les légionnaires romains à la poursuite des disciples de saint Jacques.
Puis à nouveau longer la côte pour aller vers le cap Finistère. Un rivage bordé de bancs de sable ouverts à l’océan derrière lesquels se dressent des monts escarpés. Le plus haut est le mont Pindo (O Pindo), fait de granit rose, l’Olympe celtique des galiciens, avec de mystérieux et gigantesques rochers de granit rosé..
Plus loin, Fisterra, ville de pêcheurs centrée sur la place de l’Arc Solis, en mémoire de l’autel érigé par les Romains pour adorer le Soleil. Là est édifié le sanctuaire de N.D. de Fisterra. La route mène au bout du cap. C’est l’extrême Occident, le bout du monde connu. Univers désolé noyé par la brume et le crachin, désolation du cap qui suscitait la terreur des légionnaires d’Auguste. Aujourd’hui, c’est un phare qui guide le défilé incessant des navires en ce point qui connaît l’un des trafics maritimes les plus intenses du monde. A cet emplacement existait autrefois un ermitage dédié à saint Guilhem du Désert (mentionné au XVe siècle par Nompar de Caumont) et des pierres travaillées de caractère sacré.
Turpin dit que Charlemagne y planta sa lance dans la mer « en rendant grâces à Dieu et à saint Jacques ». Sur ordre de Charlemagne, Turpin baptise les Galiciens qui le souhaitent. Les autres sont exécutés ou faits prisonniers. Au-delà, la ville engloutie de Douyo.
1418, le seigneur de Caumont continue son chemin jusque là :
"De Saint-Jaques à Salhemane, pour aller à Nostre Dame de Finibus terre, 4 lieues.
De Salhemana à Maronhas, 3 lieues.
De Maronhas à Nostre Dame de Finistere, 8 lieues, laquelle est au bort de le mer, et de là en avant l’en ne trouve plus terre ; auquel lieu fait de beaux miracles et y a une grant montaigne où est un hermitage de saint Guilhaume du désert"
En 1446, le voyageur allemand Sébastien Ilsung y trouve un prieuré dépendant de Compostelle, et là on lui raconte une histoire beaucoup plus élaborée qu’il est le seul à rapporter. La présence de la chapelle Notre-Dame y est expliquée par le fait que la Vierge est venue en personne en ce lieu (elle avait abordé à Muxia), accompagnée du Christ vivant et de ses trois compagnons préférés, Jean, Jacques et Pierre (il en donne un dessin) :
« Après quoi j’arrivai au Finisterre, à deux journées de route de Saint-Jacques, par le plus mauvais chemin qu’on puisse trouver… Il y a là une haute montagne et la grande mer sauvage fouette de tous côtés quand on y va. Et il est haut d’une bonne demi-lieue. On y voit la trace du pied de Notre-Seigneur dans la pierre dure et un puits qu’il a fait. Et le rocher s’est incliné comme un fauteuil. Notre-Dame a aussi un fauteuil, et de même saint Jean, saint Jacques et saint Pierre. Et devant ce promontoire la mer est si haute et si violente, que celui que le vent y pousse, n’en revient pas et trouve là sa fin sur l’eau et sur la terre ».
1466, Rosmital
« De Saint-Jacques, nous avons chevauché jusqu’à Finstern Stern (Etoile Obscure), comme le nomment les paysans, mais en réalité cet endroit s’appelle Finis Terrae. On ne voit rien que le ciel et la mer. On dit que la mer en cet endroit est si violente que personne ne peut s’y aventurer, et que l’on ne sait donc pas ce qu’il y a de l’autre côté... Puis nous sommes retournés vers Saint-Jacques » (Tetzel, n°13, p. VIII)
Plus loin encore, la
A Muxia, dans un site rocheux en face d’une mer sauvage, la Vierge apparut à saint Jacques au cours de sa mission d’évangalisation (on retrouve la même légende à Saragosse). Elle est arrivée dans la Barca de Pedra. Une chapelle ND au bord de la mer. Jusqu’au milieu du XVIe siècle, ce sanctuaire attirait les pèlerins de Compostelle de la même manière que celui de Finisterre.
Aujourd’hui, des milliers de pèlerins continuent à venir s’agenouiller devant la Vierge, particulièrement vénérée des Galiciens.
Deux traditions se prolongent encore (2004) :
essayer de bouger la Pedra de Abalar, cassée depuis plusieurs années, apparemment lors d’une tempête (il y a eu un projet de restauration !). Abalar signifie bouger, bercer, trembler... Le rocher est plus ou moins bancal et la tradition fait qu’on essaye de faire bouger l’énorme pierre. Cette pierre, en forme de voile, serait le mât et la voile du bateau du miracle de la sainte Vierge apparue à saint Jacques.
passer sous la Pedra dos Cadris qui serait le corps du bateau. Cadrís est le pluriel de cadril qui est la partie du corps entre les deux hanches donc passer sous cette pierre soigne le mal de reins.
Un troisième rocher, Timón, symbolise le gouvernail du bateau.
Sébastien Ilsung Après je me rendis au bateau de Notre Dame , où est la chose la plus merveilleuse que j’aie vue dans ce voyage. C’est un bateau de pierre, fait comme un vrai bateau et tout d’une seule pierre, de plus fort grand. Il y a dessus un mât, long de quinze toises et si lourd que vingt bœufs ne pourraient le déplacer. Il est posé sur des pierres. Et il y a tout autour une forêt vierge et une église, construite là à cause de l’objet miraculeux, mais qui est aussi en mauvais état. Et si quiconque s’approche et n’a pas commis de péché mortel, il fait bouger le grand mât de pierre du bout du doigt. Mais si quelqu’un a commis un meurtre ou se trouve banni, sans avoir encore totalement expié, il ne peut en aucune manière le bouger. Et beaucoup de gens peuvent le bouger et j’en ai vu aussi. Mais je l’ai bougé proprement et fus fort étonné que personne ne me remarque. Il faut évidemment qu’il n’y ait pas de tricherie, sinon cela n’a pas de sens. J’y ai fait très attention, on ne peut le dire entièrement, à moins de l’avoir vu. Je ne vais pas plus loin.
Jean de Zeilbeke : « Nous vîmes, près le cap nommé Muxia, lequel est un vieux pèlerinage de Notre-Dame. On voit là une nef de pierre et le mât de pierre large de 2 cent bras sur lequel navire vinrent NS et ND sur la mer, par miracle. Et il y a un autel là où ……… Et y voit-on plusieurs pas de ND… et elle avoit … et ce mât de pierre couché plat sur terre et on dit que seuls les chrétiens qui seront en état de grâce y font remuer led. Mât avec un doigt. Je ay parlé à personne qui l’ait fait remuer.