saint Jacques et Compostelle
Le Puy et le magazine Grands reportages
Au mépris de l’histoire et de l’information des lecteurs (dimanche 19 juillet 2009)
Le magazine Grands reportages vient de consacrer une large partie de son numéro de juillet 2020 à la promotion de la via Podiensis. La, ville du Puy s’en est réjouie, assurant en retour une publicité à cette publication. Mais des journalistes qui se mêlent d’histoire en croyant tout ce que racontent les promoteurs du tourisme et en refusant l’accès aux informations sérieuses ne peuvent qu’apporter de l’eau au courant de désinformation permanente des pèlerins et des touristes. Dommage.

Un dossier digne d’une publicité rédactionnelle Un adhérent de la Fondation nous a fait part de ses remarques à la lecture de ce numéro. Nous les reproduisons ci-dessous, nous réservant de faire plus tard une analyse plus complète, le webmestre n’ayant pas encore eu la revue en mains mais faisant confiance à l’auteur dont les compétences sont connues.

Voici quelques erreurs que les journalistes de Grands reportages auraient pu éviter :

p.5 et 20 Le guide du pèlerin est un vrai « guide », avec des « itinéraires historiques ».

p.7 « aux XIe et XIIe siècle, le pèlerinage à Compostelle connaît un engouement inédit… La renaissance spirituelle qui caractérise l’époque se couple ainsi à une renaissance artistique… particulièrement le long de la Via Podiensis… La renommée croissante des chemins de Saint-Jacques entraîna en effet un afflux de dons et un besoin grandissant de sites d’accueil… ». Suivent des photos de Moissac, Conques, Perse, et du pont Valentré à Cahors.

p.22 Via Turonensis « son point de départ est officiellement tourangeau, mais l’itinéraire démarre en fait de Paris qui ouvrit dès l’année 1319 un hôpital Saint-Jacques-aux-pèlerins ». Dès 1319 pour un chemin soi-disant parcouru depuis au moins 2 siècles ? Si cet hôpital a bien été fondé par d’anciens pèlerins de Compostelle, il est lui-même un sanctuaire de pèlerinage, d’où son nom. On continue en affirmant que « l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie est le point de ralliement des jacquets venus du nord », affirmation hypothétique qu’aucun texte n’a jamais confirmée.

p.26 « c’est sur les traces de Godescalc, évêque du Puy-en-Velay, parti rejoindre Saint-Jacques en 950-951, que s’élancent les pèlerins des temps modernes. De fait, la voie du Puy est considérée comme un itinéraire historique… ». Sauf que personne ne connaît l’itinéraire choisi par Godescalc, sûrement pas le GR65 dessiné en 1970.

p.32 encadré : non, ce n’est pas sur les « voies jacquaires » inexistantes que fleurissent « de nombreux hôpitaux et hospices ». Ils fleurissent sur toutes les routes, dans toutes les directions, et ne sont pas destinés aux seuls pèlerins, mais à tous les pauvres voyageurs, quels qu’ils soient.

Le texte des p.32-33 est un condensé de textes sans cesse recopiés depuis plus d’un siècle, déformés car mal compris.

p.40 Saint-Michel l’Aiguilhe « intimement liée au chemin », sous le prétexte qu’elle a été voulue par Godescalc. Si c’était le cas ne l’aurait-il pas vouée à saint Jacques plutôt qu’à saint Michel ? On laisse penser que « Le Saint-Jacques » date du XIIe siècle… Les pages consacrées au Puy affichent clairement la couleur : « la renaissance du chemin de Compostelle bénéficie des deniers de plus de 30000 marcheurs par an. Une manne ! ». Et de faire croire que c’est depuis le Moyen Age que des foules de pèlerins sont partis de là. Avec cela il y aura encore plus de touristes. Mais il est vrai qu’au Puy même les autorités religieuses ne reculent pas devant le mensonge pour encourager la fréquentation de ce point de départ qualifié d’historique.

p.48 A Aubrac nul ne songe à préciser que l’histoire d’Adalard est une légende. On contraire on insiste en disant que « le chemin du Puy » n’était pas encore le GR65, « mais un long chemin d’épreuves, incertain et dangereux, dont nul n’était assuré de revenir vivant ». Suit l’inévitable couplet sur les loups et les brigands ». Suivent des commentaires sur le « flux des marcheurs » : on marche en foule, comme les pèlerins du Moyen Age, croit-on dur comme fer.

p. 50 on n’en est pas à une incohérence près : Rocamadour est « une étape majeure sur le chemin de Compostelle » tout en ne se trouvant pas sur le GR 65

p.57 pages rédactionnelles sur le trésor de Conques « étape incontournable » qui n’a pu attirer que les pèlerins de Compostelle. On n’évoque même pas ceux qui venaient spécialement à Conques puis rentraient chez eux.

p.64 publicité rédactionnelle oblige, la route d’Arles fut « jadis la plus fréquentée des routes vers Compostelle ». A Castres un « ancien hôpital des pèlerins de Compostelle », sous le prétexte bien entendu qu’il était Saint-Jacques.

p.71 « Saint-Palais/Puente-la-Reina. Rite de passage ». On n’hésite pas à employer les grands mots !

p.74 rencontre entre le journaliste et un étudiant en histoire tellement précoce que, dès la 3 année de ses études, il prépare déjà sa thèse (de doctorat, bien entendu). Le sujet sera passionnant : Compostelle et les Templiers. On l’attendait !

p. 85 curieux titre pour l’arrivée à la cathédrale de Compostelle « Aux marches du Palais » ! Et on repart pour une page d’histoire…

Au total rien de neuf. Pas de bibliographie bien entendu. Une seule statue de saint Jacques signalée, rien sur le Camino. Pas un mot du Patrimoine mondial au titre des Chemins de Saint-Jacques. Au total, c’est très très ennuyeux !

p.17, juste avant le dossier Compostelle, une pleine page de pub pour « la ceinture multipoches » ! Et in fine une cérémonie officielle à la mairie du Puy pour assurer la promotion du magazine.


Accueil du site | Contact | Plan du site | Espace privé | Statistiques | visites : 190082

Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site Actualité de l’édition et médias  Suivre la vie du site Recensions   ?

Site réalisé avec SPIP 1.9.2a + ALTERNATIVES

Creative Commons License