saint Jacques et Compostelle
Le témoignage unique d’un grand marcheur
à pied d’Auschwitz à Jérusalem (vendredi 9 mai 2008)

Le marchant de bonheur, à pied d’Auschwitz à Jérusalem André Weill, Le Mercure Dauphinois, Grenoble, 2020 ISBN : 978-2-35662-003-3, 248 p., 18€

André Weill se présente ici en « marchant de bonheur », faisant partager les émotions, les joies, les découvertes des 3366 km qu’il a parcourus entre Auschwitz et Jérusalem. Laissons-lui la parole :

« Parti du Mémorial de Drancy, en mai 2005, j’arrivais deux mois plus tard au camp d’Auschwitz. De cette arrivée, il me restera longtemps un certain trouble. Un vide, un manque, un indéfinissable « c’est pas ça ». Car, en vérité, je n’étais pas arrivé au camp d’Auschwitz. Je n’étais arrivé qu’à son musée. C’est la raison pour laquelle je suis reparti d’Auschwitz en juillet 2006. C’était vital, il me fallait repartir. Peut-être que la vérité d’Auschwitz ne se trouve que dans la nécessité de le quitter. Alors, je pars ! Je quitte Auschwitz pour dire Jérusalem à nos enfants. Et je le dis avec mes pieds. Dix pays traversés et 3300 kilomètres pour honorer le sacré. Ô Jérusalem, je ne sais rien de tes enseignements. Je ne t’amène ni myrrhe, ni or, ni encens. Je ne t’amène que la mémoire de mon grand-oncle, Fernand, assassiné à Auschwitz. Et un petit caillou arraché au mur des fusillés. »

Tout au long du voyage, ce caillou sera comme un talisman pour André. Il sera aussi la petite voix qui l’aidera dans les moments difficiles ou lui suggérera de bonnes décisions. Ce petit caillou a rejoint Jérusalem. Au pied du Mur des Lamentations, il porte la mémoire de Fernand et de tant d’autres victimes de l’inhumanité. Expérience unique et singulière que celle d’André. Cheminer avec lui en lisant son récit est une grâce. Celle de bénéficier de toute la richesse de son expérience de marcheur qui sait trouver en tout homme un frère parce que des jours et des jours de marche solitaire lui ont appris la valeur de la rencontre vraie, la rencontre que l’on vit d’un geste ou d’un regard avec celui dont on ne parle pas la langue. La grâce aussi de partager ses réflexions et ses lectures dont des citations, sans doute longuement méditées en marchant, éclairent les chapitres. Mais ce récit est aussi relation très concrète de ce voyage à travers neuf pays d’Europe et du Moyen-Orient, occasion de découvrir leurs habitants, les repas qu’ils offrent mais aussi leurs conditions de vie et certaines coutumes, occasion de réviser de vieilles leçons de géographie par les descriptions des paysages, des cultures et des activités des hommes et des femmes rencontrées. Les spécialistes ou les plus curieux seront également intéressés par les tableaux de marche et le budget qui figurent en annexe. Et au bout de la marche Jérusalem : « Ô Jérusalem ! Cinq mois de marche et trois mille trois cents kilomètres pour buter sur ton mur au dernier kilomètre. » Ce ne fut pas la seule frontière qu’André ne put pas passer à pied. Ce livre est une invitation à bousculer les frontières de l’indifférence, des particularismes et des égoïsmes qui conduisent à la haine. Shalom, Salam, Om Shanti, Alleluia conclut André, invitation à écouter le message de paix que son livre nous apporte. Un bon livre à recommander.


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